Le système digestif (Cours 5 et 6)


5. L'intestin grêle

5.1. Définition

L'intestin grêle s'étend du pylore au colon et comprend le duodénum et le jéjuno­iléon. Le duodénum représente la partie fixe de l'intestin grêle, fermement attachée à la paroi dorsale de l'abdomen. Le jéjuno­iléon est sa partie flottante parce qu'il est suspendu dans la cavité abdominale par le mésentère. L'intestin grêle exerce deux fonctions : il achève la digestion du chyme provenant de l'estomac et absorbe les produits de cette digestion au niveau de ses nombreux replis.

5.2. Comparaison duodénum - jéjuno-iléon

Comme celle des autres segments du tube digestif, la paroi du duodénum est formée de dedans en dehors d'une muqueuse, d'une sous­muqueuse et d'une musculeuse. La séreuse n'est pas visible à faible grossissement. La muqueuse comprend l'épithélium et ses nombreuses villosités, le chorion et les glandes de Lieberkuhn ainsi que la muscularis mucosae discontinue. La sous­muqueuse est occupée par des glandes dont l'aspect est différent de celui des glandes du chorion. Ce sont les glandes de Brunner. La musculeuse comprend deux couches musculaires lisses : l'une interne circulaire, l'autre externe longitudinale. La couche interne est beaucoup plus épaisse que l'externe.

Voici, toujours à faible grossissement, une coupe transversale du jéjuno­iléon. Le chorion de la muqueuse est rempli de glandes de Lieberkuhn, mais la muscularis mucosae est continue. Les glandes de Brunner font défaut au niveau de la sous­muqueuse, qui est donc beaucoup plus mince. La musculeuse est subdivisée en deux zones musculaires distinctes : une couche interne circulaire et une couche externe longitudinale. La séreuse qui n'est pas visible dans cette préparation est composée d'un mésothélium et de son chorion de tissu conjonctif lâche.

5.3. Villosité intestinale

La muqueuse projette dans la lumière de nombreuses villosités, caractéristiques de l'intestin grêle et comprenant un épithélium cylindrique simple et un axe conjonctif.

L'épithélium est composé essentiellement de hautes cellules cylindriques appelées cellules absorbantes de l'intestin. Leur pôle apical possède des microvillosités qui ensemble forment une bordure en brosse et sont enveloppées dans un film riche en glycosaminoglycans.

Entre les cellules absorbantes, se trouvent les cellules caliciformes qui produisent le mucus intestinal. Leur pôle apical est occupé par une volumineuse goutte de mucigène; leur noyau et leur cytoplasme sont condensés en une longue bande sous ce mucigène. On trouve encore dans cet épithélium, de rares cellules dont la fonction n'est pas digestive. Elles ne sont pas visibles dans cette préparation car seule, une imprégnation à l'argent permet de les mettre en évidence. Ces cellules argentaffines appartiennent au système endocrine diffus du tube digestif.

L'axe de la villosité est occupé par du tissu conjonctif lâche richement vascularisé. Les capillaires sanguins, aisément reconnaissables parce qu'ils contiennent des globules rouges, sont appliqués contre l'épithélium.

Au centre de la villosité se trouve un autre vaisseau, délimité par un endothélium mais toujours dépourvu d'éléments sanguins, le vaisseau chylifère. Il n'est visible dans des préparations comme celle­ci, que lorsqu'il est dilaté par le chyle, lymphe enrichie par les lipides de la digestion.

Lorsque l'intestin est fixé dans d'autres conditions physiologiques, au début de la digestion par exemple, ce vaisseau chylifère est vide et collabé. On ne peut donc le reconnaître. Le chyle moins abondant occupe alors les espaces du tissu conjonctif, ou espaces chylifères, à la base de l'épithélium absorbant. De nombreux lymphocytes sont répartis dans le tissu conjonctif de la villosité. Leur noyau dense est ici indiqué par des flèches. La plupart d'entre eux traversent l'épithélium et sont éliminés dans la lumière intestinale.

La villosité contient aussi plusieurs fibres musculaires lisses isolées les unes des autres. Elles sont fusiformes et leur noyau est allongé. Ensemble, elles constituent le muscle de Brucke. En se contractant, il raccourcit la villosité et chasse le chyle du chylifère vers les vaisseaux lymphatiques périphériques.

On trouve encore dans l'axe de la villosité plusieurs cellules qui proviennent du sang et qui ont envahi les mailles de tissu conjonctif. Voici un groupe de macrophages. Leur contour est irrégulier, leur noyau est excentrique et leur cytoplasme contient des inclusions de densité, de taille et de coloration très variées.

5.4. Glande de Lieberkhun

L'espace compris entre deux villosités est la crypte où s'abouchent les glandes de Lieberkuhn situées dans le chorion. Ces glandes sont de simples invaginations de l'épithélium. Leur abouchement au niveau de la crypte, indiqué par une flèche, est le collet. Elles se poursuivent par une portion droite, le corps et se terminent par un cul-de­sac, le fond de la glande.

La paroi de la glande est composée de cellules caliciformes et de cellules absorbantes dont le plateau strié est moins développé que celui des cellules du revêtement épithélial. Au fond des glandes, se trouvent les cellules de Paneth, dont le pôle apical contient des granulations rouges. Les mitoses, dont une est indiquée ici par une flèche, sont nombreuses dans la partie de la glande la plus éloignée de la lumière intestinale. Les cellules de Paneth sécrètent le lyzozyme, agent bactéricide qui détruit la capsule des bactéries.

5.5. Sous-muqueuse et glande de Brunner

Dans la sous­muqueuse, le tissu conjonctif dense est occupé aux environs du pylore par les acini des glandes de Brunner.

Ces glandes, spécifiques du duodénum, occupent une longueur intestinale variable selon les espèces. Ce sont des glandes tubulo­acineuses, donc formées de tubes sécréteurs ramifiés dont toutes les extrémités sont dilatées en acini. Le conduit principal, désigné par une flèche, traverse la muscularis mucosae. Il débouchera plus loin dans une glande de Lieberkuhn ou entre les glandes de Lieberkuhn dans une crypte glandulaire. Chez l'homme, l'acinus et le tube sont formés de cellules muqueuses; dans d'autres espèces, chaque cellule a des caractères muqueux et des caractères séreux.

Les glandes de Brunner sécrètent un matériel muqueux alcalin qui protège la muqueuse duodénale de l'acidité gastrique; elles sont à ce point de vue très semblables aux glandes pyloriques. La lumière des glandes de Brunner est large et irrégulière. Elle est bordée par des cellules remplies de vésicules. Dans les cellules contenant un important matériel de sécrétion, les noyaux sont foncés, irréguliers et situés au pôle basal. Lorsque les vésicules de sécrétion sont peu nombreuses, les noyaux sont aussi basaux mais de forme régulière, ovales avec beaucoup moins d'hétérochromatine. Les vésicules de sécrétion occupent le pôle apical; les autres organites sont situés au pôle basal, près du noyau à l'exception de l'appareil de Golgi qui est dispersé.

Entre les glandes, le tissu conjonctif est dense; il est infiltré de nombreux capillaires, de petits amas lymphoïdes et des éléments du plexus nerveux de Meissner.

La paroi de l'intestin grêle est riche en cellules de défense. Nous avons déjà vu les lymphocytes, et les macrophages dans l'axe de la villosité. Le tissu conjonctif situé entre les glandes et représenté ici est particulièrement riche en plasmocytes. Ils sont reconnaissables à leur noyau excentrique et à leur cytoplasme basophile. L'un d'entre eux, marqué d'une flèche, contient de grosses inclusions, les corps de Russell. L'ensemble de ces plasmocytes est un véritable organe immunitaire, qui sera décrit en même temps que les autres formations lymphoïdes annexées au tube digestif dans le système des organes lymphoïdes.

5.6. Musculeuse

La musculeuse comprend deux couches : la couche interne circulaire est plus épaisse que la couche externe longitudinale. Entre ces deux zones musculaires, on reconnaît quelques fibres nerveuses du plexus d'Auerbach et une veinule.

La séreuse est réduite à une fine lamelle conjonctive couverte d'un mésothélium.

5.7. Vascularisation

L'intestin grêle est vascularisé par l'artère mésentérique qui circule dans la racine du mésentère et donne de nombreuses collatérales, les artères intestinales. Situées dans le mésentère, celles­ci forment des arcades d'où partent les artères droites qui abordent le bord mésentérique de l'intestin grêle.

Les artères droites (a) vascularisent chacune un segment de l'intestin et ne sont pas anastomosées entre elles. Elles se divisent en une branche gauche (b) et une branche droite (c) qui ensemble forment un anneau vasculaire dont naissent de nombreuses collatérales. Celles­ci s'enfoncent dans la paroi et se ramifient dans la sous­muqueuse.

Du plexus artériel sous­muqueux se détachent de fines artérioles. Les unes sont destinées aux glandes; les autres traversent la muqueuse et se capillarisent dans les villosités. Ces capillaires, en règle générale, sont appliqués contre le pôle basal des cellules épithéliales.

Tous les capillaires sont drainés par des veinules qui confluent dans un plexus veineux sous­muqueux. De ce plexus partent des veines plus importantes qui traversent la musculeuse et se retrouvent dans le mésentère ou elles suivent le trajet des artères. Elles se rassemblent au niveau de la racine du mésentère pour constituer la grande veine mésentérique qui conflue avec la veine splénique pour former la veine porte.

Outre la circulation artério­veineuse, on trouve dans la paroi intestinale une circulation lymphatique très importante. Elle commence au niveau des villosités, qui sont occupées, dans leur partie centrale, par un vaisseau chylifère. Les vaisseaux chylifères s'unissent en un réseau drainé par de courtes branches qui se ramifient dans la sous­muqueuse. Le plexus sous­muqueux est drainé à son tour par quelques vaisseaux qui traversent la musculeuse et aboutissent dans la séreuse.

La lymphe intestinale amenée par ces vaisseaux est filtrée par de très nombreux ganglions à trois niveaux différents: près de l'intestin, dans la partie moyenne du mésentère et dans la racine du mésentère. Les vaisseaux lymphatiques efférents de ce dernier groupe ganglionnaire rejoignent une vaste poche lymphatique, la citerne de Pecquet, située près du diaphragme et contre l'aorte abdominale. Celle­ci est le début du canal thoracique qui remonte le long de la colonne vertébrale et se jette dans la veine sous­clavière gauche.

5.8. Absorption intestinale

Les sécrétions intestinales achèvent la digestion, mais leur volume est beaucoup moins important que celui des sécrétions hépatiques et pancréatiques. En effet, la fonction essentielle de l'intestin est l'absorption. L'absorption et le drainage diffèrent suivant la nature chimique des substances digérées.

Les oses provenant de l'hydrolyse des glucides et les acides aminés provenant de la digestion des protéines sont transportés activement à travers la membrane des cellules absorbantes vers les capillaires appliqués contre la base des cellules. Par cette voie sanguine, ils sont drainés, via la veine porte, vers le foie.

Le sort des lipides est différent. Ils sont émulsionnés au contact de la bile et en partie hydrolysés par la lipase pancréatique. Les acides gras et les monoglycérides ainsi formés s'associent aux sels biliaires et deviennent des micelles qui pénètrent dans la cellule. Les acides gras à chaîne courte ou moyenne sont transportés vers la voie sanguine. Les enzymes de la cellule intestinale resynthétisent à partir des acides gras à chaîne longue et de glycérol des triglycérides qui passent d'abord par le réticulum endoplasmique lisse ensuite par l'appareil de Golgi où ils deviennent des complexes glycolipoprotéiques, appelés chylomicrons. Ceux­ci sont enfin exocytés dans les espaces intercellulaires et repris par le vaisseau chylifère de la villosité. Ils empruntent ainsi la voie lymphatique qui les amène, par la veine sous­clavière, dans la circulation générale.

5.9. Résumé

En examinant la paroi de l'intestin grêle, nous avons retrouvé la structure générale du tube digestif et ses quatre couches principales. Résumons leurs caractéristiques...

La présence des villosités est la particularité de ce segment. La muqueuse est formée d'un épithélium absorbant, d'un chorion rempli de glandes de Lieberkuhn et d'une muscularis mucosae discontinue dans le duodénum et continue dans le jéjuno­iléon. La sous­muqueuse contient les glandes de Brunner dans le duodénum et est dépourvue de glandes dans le jéjuno-iléon. La musculeuse contient uniquement des muscles lisses et la séreuse n'est absente que dans la première partie du duodénum.

6. Le colon

6.1. Anatomie

Successivement caecal, ascendant, transversal, descendant et sigmoïde, le colon forme un cadre dans la cavité abdominale. Il a une double fonction : l'absorption de l'eau et l'élimination des résidus alimentaires. La radiographie du colon révèle l'importance de son volume et son aspect bosselé. Les bosselures séparées les unes des autres par des incisures plus ou moins profondes sont généralement expliquées comme une conséquence de l'inégalité de longueur entre le manchon musculeux qui entoure le colon et le conduit intestinal lui­même.

L'appendice, annexe du caecum, sera étudiée avec le système des organes lymphoïdes.

6.2. Structure de la paroi

Le colon se compose des quatre tuniques caractéristiques du tube digestif : une muqueuse, une sous­muqueuse, une musculeuse et une séreuse. La paroi présente des valvules conniventes mais pas de villosités.

L'épithélium est du type absorbant, très riche en cellules caliciformes. Il s'invagine fréquemment dans le chorion pour former les glandes de Lieberkuhn, plus courtes que dans le jéjuno­iléon.

Le chorion de la muqueuse est constitué d'un tissu conjonctif très lâche entre les glandes et la muscularis mucosae; il est infiltré de plasmocytes. La muscularis mucosae comprend deux couches plus ou moins distinctes.

La sous­muqueuse est une bande de tissu conjonctif dense où sont localisés le plexus de Meissner et un important réseau vasculaire.

Recouvrant la sous­muqueuse, la musculeuse comprend, comme pour les autres segments du tube digestif, deux couches; l'interne est circulaire et l'externe longitudinale. Celle­ci n'est pas continue comme dans l'intestin grêle, mais composée de faisceaux épais isolés. Chez l'homme, ils sont regroupés en trois bandes longitudinales. Celles­ci sont responsables de l'aspect macroscopique du colon. Parce qu'elles sont moins longues, elles plissent les autres couches. La face postérieure du colon, représentée dans cette préparation, est rattachée à la paroi abdominale par un tissu conjonctivo­vasculaire riche en graisse. Ailleurs, le colon est enveloppé par la séreuse péritonéale. Celle­ci forme, au niveau des trois bandes musculaires longitudinales, des franges riches en tissu graisseux appelées replis épiploïques du colon.

6.3. Résumé

La structure générale du tube digestif et ses quatre couches principales sont présentes dans le colon. Leurs caractéristiques sont les suivantes. La muqueuse est formée d'un épithélium absorbant, très riche en cellules caliciformes, d'un chorion rempli de glandes de Lieberkuhn et d'une muscularis mucosae continue. Elle est dépourvue de villosités. La sous­muqueuse est dépourvue de glandes. La musculeuse contient uniquement des muscles lisses; sa couche externe est composée de faisceaux isolés.

La séreuse est absente à la face postérieure du colon ascendant et du colon descendant.

7. Transitions entre les segments du tube digestif

7.1. Rappel de la structure générale du tube digestif

7.1.1. Tuniques

Chaque segment du tube digestif peut être distingué des autres grâce aux particularités de ses différentes tuniques. Résumons ces critères d'identification.

La muqueuse comprend trois tissus : l'épithélium, le chorion et la muscularis mucosae.

Dans l'oesophage, l'épithélium est pavimenteux stratifié de type épidermoïde. L'épithélium de l'estomac est un feuillet glandulaire. Le duodénum, le jéjuno­iléon et le colon ont un épithélium absorbant. Seuls les deux segments de l'intestin grêle possèdent des villosités.

Le chorion de l'oesophage est dense et dépourvu de glandes. Le chorion de l'estomac contient les glandes gastriques, dans les trois segments de l'intestin, le chorion contient des glandes de Lieberkuhn.

La muscularis mucosae est discontinue dans l'oesophage et le duodénum et continue dans les autres segments.

La sous­muqueuse est une bande de tissu conjonctif dense dans tous les segments du tube digestif. Dans certaines espèces dont l'homme, la sous­muqueuse de l'oesophage contient des glandes acineuses muqueuses. Dans le duodénum, on y trouve des glandes tubulo­acineuses de Brunner.

La musculeuse est composée habituellement de deux couches musculaires lisses. Dans l'oesophage, elles sont infiltrées de muscles squelettiques.

Tous les segments du tube digestif sont enveloppes par la séreuse péritonéale sauf l'oesophage et une partie du colon.

7.1.2. Innervation

Chaque segment du tube digestif est innervé par un système extrinsèque et un système intrinsèque.

La partie extrinsèque comprend les fibres orthosympathiques en provenance des ganglions prévertébraux et les ramifications parasympathiques du nerf vague. Ces fibres font synapse avec les cellules ganglionnaires du plexus solaire dont les rameaux efférents suivent le trajet des artères et aboutissent dans la paroi du tube digestif.

Le plexus intrinsèque occupe toute l'épaisseur de la paroi mais forme néanmoins deux zones préférentielles riches en cellules nerveuses : les plexus d'Auerbach et de Meissner.

Le premier est localisé entre les deux couches de la musculeuse; le second est situé dans la sous­muqueuse.

Chaque plexus est composé de ganglions reliés entre eux par des fibres nerveuses.

Dans un ganglion, les cellules ganglionnaires sont enveloppées par des cellules gliales: les cellules capsulaires. Les fibres qui relient les ganglions sont essentiellement intrinsèques.

Voici schématiquement la distribution des éléments nerveux dans la paroi du tube digestif. Les fibres extrinsèques, représentées en vert dans le schéma se terminent presque toutes dans le plexus d'Auerbach. Les fibres intrinsèques sont représentées en noir dans le schéma. Celles du plexus d'Auerbach sont destinées aux deux couches de la musculeuse. Celles de la couche musculaire externe se ramifient aussi dans le chorion de la séreuse.

Les fibres en provenance du plexus de Meissner innervent la muscularis mucosae ou pénètrent dans la muqueuse où elles innervent les glandes et le muscle de Brucke.

7.2. Cardia

Voici la transition entre l'oesophage et l'estomac. L'oesophage (A) se reconnaît à son épithélium épidermoïde et l'estomac (B) à son feuillet glandulaire. La transition entre ces deux épithéliums est brusque et marque le niveau histologique du cardia.

A l'endroit de la transition, l'épithélium s'amincit et s'infléchit vers la lumière. Il est alors remplace de façon brusque par un épithélium cylindrique simple qui forme de nombreux petits replis : le feuillet glandulaire de l'estomac.

Le chorion de la muqueuse est, du côté oesophagien, une bande étroite de tissu conjonctif dense totalement dépourvu de glandes mais richement vascularisé. La transition du chorion est brusque et se fait exactement au niveau de la transition épithéliale. La mince bande de tissu conjonctif dense est remplacée par une bande plus épaisse de tissu conjonctif lâche. Quelques replis plus accentués et parfois ramifiés de l'épithélium gastrique y forment les glandes cardiales. Les glandes gastriques proprement dites ne se trouvent qu'a distance de la transition.

La muscularis mucosae est peu importante et discontinue du côté oesophagien. Sa transformation en muscularis mucosae de type gastrique est très progressive. Ce n'est qu'à distance de la transition épithéliale qu'elle est continue et composée de plusieurs couches.

La sous­muqueuse oesophagienne est très épaisse et remplie d'acini muqueux. Les canaux excréteurs de ces acini traversent et donc fragmentent la muscularis mucosae, parcourent le chorion et s'abouchent à l'épithélium épidermoïde. La transition avec la sous­muqueuse de l'estomac est progressive. Quelques acini muqueux se trouvent encore dans la sous­muqueuse au­delà de la transition épithéliale. Lorsqu'ils n'existent plus, la sous­muqueuse est réduite à une bande beaucoup plus mince de tissu conjonctif dense richement vascularisé.

La musculeuse du coté oesophagien est épaisse et composée de deux couches. L'interne est circulaire et coupée ici transversalement. Entre les deux couches, on retrouve le plexus d'Auerbach. Il existe des fibres musculaires striées surtout dans la couche externe. Elles appartiennent au muscle diaphragme dont certaines fibres s'insinuent dans la paroi de l'oesophage. Du côté gastrique, la musculeuse est aussi composée de deux couches mais est dépourvue de muscles squelettiques.

7.3. Pylore

Voici la transition entre l'estomac et le duodénum au niveau du pylore. Elle est marquée par une saillie importante de la musculeuse: l'anneau pylorique. Le versant gastrique du pylore (A) est reconnaissable au feuillet glandulaire et à l'absence de glande dans la sous­muqueuse. Dans le versant duodénal (B), la muqueuse est hérissée de villosités et la sous­muqueuse est occupée par les glandes de Brunner.

Suivez chacune des couches en partant du versant gastrique vers le versant duodénal. L'épithélium gastrique est un feuillet glandulaire qui forme de très nombreuses invaginations de plus en plus profondes à mesure que l'on se rapproche du duodénum. Du cote duodénal, ce feuillet glandulaire est remplacé par un épithélium absorbant. A quelque distance de la saillie musculaire, l'épithélium au lieu de s'invaginer dans le chorion, s'évagine vers la lumière formant ainsi les premières villosités intestinales.

Le chorion de la muqueuse gastrique contient de nombreuses glandes tubuleuses ramifiées à sécrétion muqueuse. Ce sont les glandes pyloriques. Au­delà de la saillie musculaire, ces glandes franchissent la muscularis mucosae. On les retrouve donc en même temps dans le chorion de la muqueuse et dans la sous­muqueuse. A quelque distance du pylore proprement dit, elles disparaissent de la muqueuse où elles sont remplacées par les glandes de Lieberkuhn.

Elles n'existent plus que dans la sous­muqueuse où elles deviennent les glandes tubulo­acineuses de Brunner.

La muscularis mucosae est continue du coté gastrique; elle est fragmentée par les glandes de Brunner du côté duodénal.

La sous­muqueuse gastrique est une bande de tissu conjonctif dense. Elle devient plus large du coté duodenal lorsqu'elle est envahie par les glandes.

La musculeuse gastrique est composée de deux couches. L'épaisse couche circulaire interne s'épaissit encore au niveau de l'anneau pylorique puis s'amincit du coté duodenal. La couche longitudinale externe est beaucoup plus mince et est identique de part et d'autre du pylore.

7.4. Anus-Rectum

Voici la transition entre le rectum et la peau au niveau du canal ano­rectal.

Le rectum est aisé à reconnaître parce qu'il a la structure du colon. L'épithélium est du type absorbant. Le chorion est rempli de glandes de Lieberkuhn riches en cellules caliciformes et la muscularis mucosae est continue.

La sous­muqueuse est une bande de tissu conjonctif dense riche en vaisseaux qui appartiennent au plexus hémorroïdaire interne. Les valvules conniventes sont plus importantes qu'ailleurs. La musculeuse est composée de deux couches. Les quelques faisceaux de muscles squelettiques en­dehors d'elle appartiennent au muscle releveur de l'anus: il n'y a pas de séreuse.

La muqueuse est brusquement remplacée par un épithélium épidermoïde et son chorion. Cette transition brusque est le début du canal ano­rectal. L'épithélium épidermoïde forme de nombreux replis puis à l'autre extrémité du canal ano­rectal, est lui-même remplacé par un épithélium épidermique kératinisé.

Cette deuxième transition s'observe uniquement lorsque la coupe passe par la partie centrale du canal.

Nous avons terminé ainsi la description des deux premières parties du système digestif : la cavité buccale et le tube digestif proprement dit.

Les cours suivants seront consacrés aux glandes annexes : les glandes salivaires, le pancréas et le foie.