Les organes lymphoïdes (cours 2)


3. Les ganglions

3.1. Microanatomie

Les ganglions lymphatiques sont de petits organes ovoïdes situés sur le trajet des voies lymphatiques. Les voici tels que les radiologues les observent après avoir injecté dans un vaisseau lymphatique une substance opaque aux R.X. Ils sont parfois isolés, mais le plus souvent groupés là où confluent les lymphatiques d'un territoire. Les lymphatiques efférents et les vaisseaux sanguins, abordent ou quittent le ganglion au niveau du hile.

Voici à faible grossissement, l'aspect du ganglion. Il est enveloppé d'une capsule fibreuse, plus importante au niveau du hile. Plusieurs travées se détachent de la face interne de cette capsule et pénètrent dans la masse du ganglion. Dans cette préparation, elles sont rares et coupées transversalement.

Le squelette du ganglion est un tissu réticulé. Celui-ci est infiltré de lymphocytes. Leur répartition inégale permet de distinguer deux régions. La périphérie ou cortex ganglionnaire, est une large bande lymphocytaire très dense et donc très colorée. Elle est elle­même subdivisée en deux parties : le cortex externe et le cortex interne. Dans le cortex externe, on observe des centres germinatifs pâles et de forme arrondie. Le cortex interne en est dépourvu. La partie centrale, ou médullaire ganglionnaire est beaucoup plus claire dans une préparation histologique courante parce qu'elle est surtout composée de larges espaces réticulés, les sinus médullaires...

Entre les sinus, se trouvent des expansions du cortex, les prolongements ou cordons médullaires, anastomosés en réseau.

Il existe entre la capsule et le cortex ganglionnaire, un espace plus clair, le sinus marginal ou sous­capsulaire. Il communique avec les sinus médullaires par les sinus intermédiaires qui traversent le cortex.

L'importance relative du cortex et de la médullaire est très variable. Les ganglions mésentériques ou lombo­aortiques dont le volume est important ont une médullaire bien développée. Les ganglions jugulaires ont une médullaire peu importante.

Ce schéma résume la description précédente. On y retrouve de dehors en dedans, la capsule fibreuse (1), le sinus marginal sous­capsulaire (2), le cortex ganglionnaire externe et ses centres germinatifs (3), le cortex ganglionnaire interne traversé par des septa conjonctifs (4), la médullaire du ganglion (5) et les prolongements médullaires du cortex (6).

3.2. Trame conjonctive

La capsule du ganglion est constituée de tissu conjonctif dense et est infiltrée, près du hile, de tissu adipeux. Elle contient des vaisseaux et de rares fibres musculaires lisses autour des lymphatiques qui la traversent. Les travées qui en dépendent, cloisonnent incomplètement le parenchyme ganglionnaire et contiennent des fibres élastiques. L'importance de ces travées est très variable suivant la localisation, l'âge et l'espèce.

Le tissu conjonctif propre au ganglion est le tissu réticulé composé de cellules réticulées et de fibres de réticuline. Ces fibres sont décelées ici par une imprégnation du tissu à l'argent. Elles dessinent un réseau dont la forme et l'importance varient d'une région à l'autre.

Dans le sinus marginal, les fibres sont épaisses et peu nombreuses. Elles traversent le sinus et se prolongent dans la capsule, ancrant ainsi le squelette ganglionnaire au tissu fibreux qui enveloppe le ganglion.

Dans la corticale, les centres germinatifs sont pratiquement dépourvus de réticuline. Dans leur périphérie, les fibres sont épaisses et concentriques. Plus en dehors, elles sont comparables aux fibres de la médullaire.

Dans la médullaire, les fibres sont nombreuses et leur enchevêtrement produit de larges mailles.

3.3. Centres germinatifs

Le cortex ganglionnaire est habituellement partagé en deux parties, l'une périphérique et l'autre profonde. Cette subdivision est purement physiologique, car il n'existe entre les deux régions aucune limite morphologique. La région périphérique contient les centres germinatifs. La région profonde est un tissu lymphoïde diffus...

L'importance relative des deux régions dans un ganglion varie en fonction de son état d'activité et du type de réaction immunitaire qui prédomine à un moment donné.

Le centre germinatif est une masse sphérique ou ovoïde qui en augmentant de volume repousse et comprime les mailles du tissu réticulé. Dans un centre actif, bien développé, on distingue un pôle plus clair (1), toujours orienté vers le sinus marginal, et un pôle plus sombre (2). Autour du centre germinatif, il existe une couronne de petits lymphocytes (3), très épaisse au pôle clair où elle forme une espèce de "coiffe" et qui s'amenuise à mesure que l'on se rapproche du pôle plus sombre. Le centre germinatif et la couronne de petits lymphocytes qui l'entourent sont encore décrits ensemble sous le nom de nodule ou follicule lymphoïde secondaire. Les cellules lymphoïdes du centre et de la couronne appartiennent presque toutes à la lignée B; l'ensemble de ces nodules lymphoïdes constitue donc la zone burso­dépendante du ganglion.

La coiffe (c) est composée de petits lymphocytes qui seraient des cellules à mémoire B. Celles­ci sont produites par prolifération clonale à partir des immunoblastes B du centre germinatif proprement dit. La coiffe contient aussi des cellules dendritiques qui sont cependant masquées par l'abondance des petits lymphocytes et donc invisibles dans cette préparation.

Les cellules dendritiques sont aussi nombreuses dans la partie claire du centre germinatif. Nous les reconnaissons dans cette imprégnation argentique à leur aspect étoilé ou "arborescent" caractéristique. Entre ces cellules, on trouve surtout des petits lymphocytes, dont certains sont des lymphocytes T probablement auxiliaires, de rares macrophages et quelques immunoblastes.

Les immunoblastes et leurs précurseurs immédiats prédominent dans la région sombre. Leur cytoplasme riche en ribosomes est intensément coloré par la pyronine.

Les immunoblastes ont l'aspect de grands lymphocytes et sont les précurseurs des plasmocytes et des cellules à mémoire B. Leurs mitoses sont fréquentes et justifient l'appellation de ''zone fertile" attribuée parfois à la région sombre.

Cette région sombre contient aussi des macrophages aisément reconnaissables à leur cytoplasme chargé d'inclusions de phagocytose parmi lesquelles on distingue des noyaux pycnotiques de lymphocytes.

3.4. Cortex profond

La partie interne du cortex, sous les centres germinatifs, représente la zone thymodépendante du ganglion. Cette zone s'insinue parfois entre les centres germinatifs et peut même atteindre le sinus marginal. Elle est composée de nombreux lymphocytes T localisés dans les mailles du tissu réticulé. Elle doit son aspect diffus au fait que les immunoblastes T restent dispersés parmi les petits lymphocytes au lieu de se regrouper en nodules comme les immunoblastes B. La zone thymodépendante contient encore quelques macrophages et des cellules ''à interdigitations" qui pour certains auteurs seraient les homologues des cellules dendritiques des centres germinatifs. Elle est enfin caractérisée par la présence des veinules post­capillaires.

3.5. Sinus du ganglion

En dehors des zones lymphoïdes, le tissu réticulé délimite les sinus du ganglion. Le sinus marginal est une fente entre la capsule fibreuse et le cortex ganglionnaire. Sa paroi externe est un épithélium pavimenteux simple en continuité avec l'endothélium des vaisseaux lymphatiques qui s'y déversent. Sa paroi interne est une lame de cellules réticulées pavimenteuses, percée de nombreux orifices qui permettent l'infiltration des éléments de la lymphe dans le cortex. ganglionnaire.

La lumière du sinus est cloisonnée par de nombreuses cellules réticulées attachées aux cellules des parois.

Les sinus médullaires sont délimités par des cellules réticulées aux multiples prolongements qui agissent comme des déflecteurs ralentissant considérablement le flux lymphatique. Ils forment un réseau complexe de cavités tortueuses qui contiennent des cellules libres, lymphocytes, macrophages et granulocytes.

Dans cette préparation en microscopie à balayage, la cellule qui se trouve dans le sinus est un macrophage. On peut l'identifier parce que sa membrane est hérissée de prolongements épais dont le centre est déprimé.

Dans une coupe histologique, les macrophages se reconnaissent à leur noyau souvent excentrique, à leur membrane irrégulière mais surtout aux inclusions et vacuoles de leur cytoplasme. Les petites cellules à noyau dense sont des lymphocytes.

Au niveau du hile ganglionnaire, les sinus médullaires communiquent directement avec le début des voies lymphatiques efférentes (V).

Autour des prolongements médullaires, les parois des sinus forment une nappe percée d'orifices qui enveloppe étroitement le tissu lymphoïde. La plupart des cellules situées dans les prolongements appartiennent à la lignée des plasmocytes. Ces prolongements doivent donc être considérés comme des régions mixtes de circulation cellulaire où prédominent cependant les cellules de la lignée B.

3.6. Vascularisation

La vascularisation d'un ganglion présente plusieurs particularités. Le sang artériel lui est fourni par une artère hilaire (1), qui se ramifie dans les travées conjonctives. Les artérioles qui proviennent de ces ramifications (2) pénètrent dans les prolongements médullaires et fournissent un réseau capillaire diffus dans tout le cortex et concentrique autour des centres germinatifs. Quelques branches de ce réseau irriguent les centres germinatifs eux-mêmes. Les capillaires sont drainés par de courts segments veineux, les veinules post­capillaires situées dans le cortex profond (3)...

Celles­ci deviennent ensuite les veines des prolongements médullaires (4), puis les veines des septa conjonctifs qui confluent vers le hile (5).

Tous ces vaisseaux, sauf les veinules postcapillaires, ont l'aspect des vaisseaux d'autres organes. Voici une artériole dans une travée conjonctive. On la reconnaît à sa tunique vasculaire.

Les flèches indiquent la fin d'une travée conjonctive. A cet endroit, l'artériole quitte la travée et pénètre dans un prolongement médullaire. Plus loin, elle se ramifie.

La paroi de la veinule post­capillaire est formée de cellules endothéliales larges, presque cubiques et est infiltrée de lymphocytes. Cette infiltration lymphocytaire a été diversement interprétée. Pour la majorité des auteurs, les lymphocytes quitteraient la circulation sanguine à cet endroit électif. Pour d'autres au contraire, l'infiltration lymphocytaire traduirait la pénétration des lymphocytes ganglionnaires dans la lumière du vaisseau. Il est possible que les deux processus coexistent mais il est vraisemblable que dans ce cas, la récupération des lymphocytes à partir du sang l'emporte. La veine post­capillaire représentée ici a été observée dans une coupe épaisse d'un 1/2 micron.

La voici telle qu'elle se présente dans une coupe classique de 5 microns et colorée selon les techniques trichromiques habituelles...

La lumière est étroite, l'endothélium possède de larges cellules. Entre ces cellules et à leur base, on observe les petits noyaux denses des lymphocytes qui traversent la paroi vasculaire. Le vaisseau est souvent séparé du tissu lymphoïde voisin par un fin liseré conjonctif.

Très rapidement, la veinule post­capillaire devient une veinule normale. Voici cette transition. A gauche, les cellules endothéliales sont épaisses et font largement saillie dans la lumière du vaisseau. Les noyaux denses des lymphocytes sont bien visibles dans la paroi. A droite, la lumière vasculaire est limitée par l'endothélium pavimenteux habituel.

L'infiltration lymphocytaire et l'épaisseur de l'épithélium permettent de différencier la veinule postcapillaire des autres veinules, qu'elles se trouvent dans le tissu lymphoïde lui­même ou, comme celle­ci, dans un septum conjonctif. Leur endothélium est aplati et leur paroi est dépourvue de fibres musculaires lisses.

La circulation sanguine intervient dans la recirculation des lymphocytes. En effet, la lymphe contient beaucoup plus de lymphocytes en sortant d'un ganglion qu'en y entrant. Ce supplément provient de deux sources. La plus importante (95 %) est la circulation sanguine. Les lymphocytes quitteraient le sang en traversant l'endothélium des veines post­capillaires. Le reste provient de mitoses au sein même du tissu lymphoïde.

La lymphe efférente d'un ganglion non stimulé contient, quasi exclusivement, des lymphocytes T qui proviennent de la région thymo­dépendante et forment le groupe des lymphocytes ''recirculant". Les lymphocytes B de la région burso­dépendante sont moins mobiles et stagnent dans le ganglion...

3.7. Fonction des ganglions

3.7.1. Filtration

La fonction du ganglion est double. Il filtre la lymphe qu'il reçoit et comme tout organe lymphoïde périphérique produit les cellules immunitaires. Ces deux fonctions sont très étroitement liées. La lymphe drainée provient du liquide interstitiel.

Ceci peut être démontré en marquant un territoire à l'aide d'un produit coloré qui, injecté dans le derme par exemple, diffuse d'abord dans les espaces du tissu conjonctif.

Après quelque temps, le produit coloré atteint et colore les petits vaisseaux lymphatiques périphériques qui sont les voies afférentes des ganglions les plus proches. Les radiologues utilisent cet artifice pour repérer les voies lymphatiques lorsqu'ils désirent réaliser une lymphographie.

L'injection d'un produit de contraste dans ces lymphatiques périphériques met en évidence les nombreuses voies afférentes longues et grêles situées dans le bas de la radiographie, les ganglions inguinaux eux­mêmes et le vaisseau lymphatique efférent beaucoup plus volumineux qui sort du hile ganglionnaire.

La lymphe amenée par les lymphatiques afférents (1) est déversée dans le sinus marginal (2). Elle y est déjà considérablement ralentie. Une partie traverse les sinus intermédiaires (3) et aboutit au labyrinthe des sinus médullaires (4) où la complexité même du trajet permet un brassage tel que chaque particule contenue dans la lymphe entre en contact avec les macrophages de la région. Une autre partie de la lymphe profuse à travers la paroi du sinus marginal ou des sinus intermédiaires et diffuse lentement à travers le cortex ganglionnaire avant d'aboutir aux sinus médullaires. Ceux­ci confluent avec le sinus marginal du hile et forment à ce niveau un plexus de vaisseaux tortueux qui pénètrent dans la capsule et sont drainés par un vaisseau lymphatique efférent (5).

Le filtre ganglionnaire est efficace parce que les particules (bactéries, substances étrangères, débris, etc...) sont phagocytées par les macrophages. La plupart d'entre elles sont dégradées mais certaines, en particulier les substances minérales, ne le sont pas. Ainsi les poussières absorbées lors de la respiration, sont drainées par la lymphe pulmonaire vers les ganglions thoraciques, bien qu'une part importante soit éliminée par les expectorations. Les poussières qui arrivent aux ganglions sont absorbées par les macrophages et y restent. Si la quantité de poussières est importante, il se forme un lacis anthracosique le long de tous les sinus ganglionnaires, tel qu'on l'observe dans cette préparation.

Un seul filtre est le plus souvent insuffisant. C'est pourquoi, les ganglions sont disposés en chaînes. Une lymphe particulièrement chargée d'impuretés arrive totalement épurée au canal thoracique ou à la grande veine lymphatique droite après être passée par cette succession de filtres.

Dans des cas pathologiques, le filtre ganglionnaire est parfois déficient. Dans certaines infections ­ dont la tuberculose ­ les macrophages ganglionnaires ne peuvent tuer le bacille. Ils s'associent, formant des cellules géantes qui se nécrosent. Les zones de nécrose s'étendent progressivement. Le ganglion perd sa capacité de filtre et devient une source de dissémination bacillaire.

Dans d'autres circonstances, le ganglion ne réagit pas aux éléments qu'il reçoit. Ici par exemple, quelques cellules épithéliales cancéreuses se sont insinuées dans le sinus marginal. Elles proliféreront et métastaseront d'abord dans d'autres ganglions, puis dans d'autres organes.

Le rôle épurateur du ganglion est à l'origine de sa deuxième fonction. En effet, de nombreuses substances filtrées sont antigéniques; elles sont phagocytées par les macrophages. Une partie forme des complexes antigène­anticorps qui sont retenus à la surface des cellules dendritiques. Là, ils déclenchent une stimulation lymphocytaire. Le ganglion, organe lymphoïde périphérique, intervient dans l'immunité humorale et dans l'immunité cellulaire. Selon le type de réaction immunitaire, les modifications ganglionnaires prédominent soit dans la zone bursodépendante, soit dans la zone thymodépendante.

3.7.2. Ganglion et réponse immunitaire

Une immunisation à médiation humorale peut être obtenue par l'injection d'un antigène thymo­indépendant, par exemple un polysaccharide bactérien. Quelques heures après l'injection de l'antigène, les ganglions qui drainent le territoire où l'antigène est administré, gonflent suite à une augmentation importante du flux sanguin par vasodilatation...

Celle­ci est vraisemblablement déclenchée par des médiateurs libérés au cours de la réaction inflammatoire au lieu d'injection et qui atteignent le ganglion avec la lymphe afférente.

A partir du deuxième jour, on observe une néoformation vasculaire qui contribue à l'augmentation du flux sanguin. Dès les premières heures, des granulocytes apparaissent dans les sinus et infiltrent le tissu lymphoïde. Ils disparaissent généralement après deux ou trois jours.

Au quatrième jour, se manifestent les premières modifications au niveau des centres germinatifs. Ceux­ci augmentent de volume à la suite d'une prolifération d'immunoblastes, induite par l'antigène. Ce développement des centres germinatifs accroît encore la taille des ganglions qui deviennent perceptibles au toucher et sont alors décrits par les cliniciens sous le nom d'adénopathies. Au début, les immunoblastes sont distribués de façon uniforme dans les centres germinatifs. Progressivement, ils s'accumulent au pôle basal, tandis que les cellules nouvellement formées, à l'aspect de plasmocytes immatures, migrent vers le pôle apical.

Les centres germinatifs prennent alors l'aspect typique décrit plus haut, aspect qu'ils conservent pendant quelques semaines, parfois même quelques mois, tant que dure la stimulation antigénique. Celle­ci est entretenue par les complexes antigène­anticorps fixés sur les prolongements des cellules dendritiques.

Tout au long de la période d'immunisation, les précurseurs plasmocytaires quittent les centres germinatifs, traversent le cortex profond et s'accumulent comme ici dans les prolongements médullaires pour y poursuivre leur différenciation en plasmocytes mûrs. Bon nombre d'entre eux cependant quittent le ganglion par le vaisseau lymphatique efférent avant d'être différenciés...

Ils aboutissent dans les prolongements médullaires d'autres ganglions, dans d'autres organes et autour du foyer inflammatoire où ils achèvent leur maturation. Dès le début de leur différenciation dans le ganglion, ils produisent des anticorps qui sont déversés dans la lymphe efférente.

L'application locale d'oxazolone provoque une immunisation à médiation exclusivement cellulaire. Au niveau des ganglions de drainage, celle­ci se traduit par une turgescence précoce de l'endothélium des veinules post-capillaires et un recrutement accru de lymphocytes à ce niveau. Un à deux jours après l'administration de l'antigène, des immunoblastes groupés en îlots autour de cellules à interdigitations apparaissent dans le cortex profond. Les immunoblastes prolifèrent jusqu'au quatrième jour environ et donnent naissance à une nouvelle population de petits lymphocytes. Vers le septième jour, les immunoblastes ont disparu, mais le cortex interne a considérablement augmenté de volume. Les contacts inter­membranaires étroits observés entre cellules à interdigitations et cellules T suggèrent l'intervention des cellules à interdigitations dans la stimulation antigénique.

Les deux diapositives suivantes comparent des ganglions ayant subi une stimulation antigénique de type humoral et de type cellulaire.

Voici une stimulation de type humoral. Le cortex est rempli de centres germinatifs. La médullaire est réduite.

Voici une stimulation de type cellulaire. Les centres germinatifs sont petits et rares. La zone interne du cortex est considérablement élargie.

Cependant, une stimulation antigénique est rarement simple et la plupart des réactions immunitaires se répercutent à la fois dans les zones bursodépendantes et thymodépendantes.

L'exemple d'une stimulation antigénique complexe est celle produite par le vaccin antituberculeux tué. Au cours des premières heures qui suivent la vaccination, on observe la présence dans les sinus ganglionnaires d'un nombre accru de granulocytes, de lymphocytes et de macrophages. Au fil des heures, le nombre des granulocytes diminue et celui des macrophages augmente. A partir de la seizième heure, ceux­ci se regroupent en amas dans le sinus marginal et les sinus médullaires. Les amas de macrophages deviennent plus compacts après deux jours au point de bloquer certains sinus. Ils s'organisent finalement en amas de cellules épithélioïdes qui ne se désagrègent qu'après plusieurs semaines. Les cellules épithélioïdes sont des macrophages qui ont acquis des caractères morphologiques de cellules sécrétrices, mais on ignore encore la nature de leur sécrétion et leur rôle dans l'immunité. Des stimulations antigéniques aussi complexes s'accompagnent aussi d'une hyperplasie des centres germinatifs.

Nous avons terminé ainsi l'étude du ganglion lymphatique. La leçon suivante est consacrée à la rate.