Les glandes endocrines (cours 2)


2. Thyroïde

Cette leçon-ci est consacrée aux glandes hypophyso-dépendantes: la thyroïde, les surrénales et les parties endocrines des gonades. Nous débutons par l'étude de la thyroïde.

2.1. Anatomie

La glande thyroïde est située dans la partie antérieure du cou. Elle comprend deux lobes latéraux de forme allongée reliés par un isthme. Ces lobes sont accolés aux faces latérales du larynx et de la trachée; ils sont enveloppés d'une capsule conjonctive dépendant des aponévroses cervicales. Un troisième lobe est inconstant, il est localisé à la face antérieure de la trachée. On l'appelle la pyramide de Lalouette.

2.2. Microanatomie

Examinons une coupe de thyroïde à faible grossissement. Le lobe est entouré d'une fine capsule conjonctive; des septa conjonctifs s'en détachent et s'y enfoncent. Ils le divisent en lobules. Des vaisseaux sanguins parcourent les septas. Les lobules sont composés de vésicules qui en coupe apparaissent circulaires ou ovalaires: les follicules thyroïdiens. Ce sont les unités fonctionnelles de la glande.

Les follicules thyroïdiens possèdent une assise unique de cellules cubiques, pavimenteuses ou cylindriques selon l'état fonctionnel de la glande, et une lumière remplie d'un liquide visqueux, le colloïde.

Lorsque les préparations sont enrobées en paraffine, le colloïde se rétracte; ces artéfacts de rétraction qui ont l'aspect de taches claires en périphérie des lumières, n'existent pas lorsqu'on utilise d'autres techniques de préparation. Quelques nodules cellulaires compacts sont répartis entre les follicules. Leurs cellules ne diffèrent pas des cellules folliculaires et interviendraient dans la genèse de nouveaux follicules. Le plus souvent, ces nodules sont des coupes polaires de follicules thyroïdiens.

L'épithélium thyroïdien repose, par l'intermédiaire d'une membrane basale, sur un chorion riche en capillaires. Les noyaux de leurs cellules endothéliales sont ici bien visibles. L'épithélium contient en outre des cellules volumineuses et claires, indiquées par des flèches. Ce sont les cellules C qui produisent la calcitonine et seront étudiées avec les glandes impliquées dans la régulation du métabolisme phosphocalcique.

Dans plusieurs espèces, notamment chez les petits rongeurs, on trouve dans le stroma de larges structures bordées par un épithélium très aplati. Ce sont des kystes ultimobranchiaux dont la lumière contient une substance protéique dont on ne connaît pas la nature et qui est moins dense que le colloïde. Leur épithélium est composé de plusieurs types cellulaires et notamment de cellules ciliées. Les cils sont visibles en coupe transversale à gauche (flèches) et en microscopie en balayage à droite. Ces kystes sont les vestiges des corps ultimobranchiaux.

Chez l'homme, il existe en outre de petits kystes différents limités par des cellules cubiques, restes du canal thyréoglosse. Ils sont rares et ne sont pas représentés dans cette image.

2.3. Embryogenèse

La thyroïde provient de trois ébauches, représentées en A dans une vue ventrale du pharynx embryonnaire. L'ébauche la plus importante, colorée en violet, est médiane; elle provient du plancher pharyngien.

Elle est à l'origine des follicules et est située en avant de l'ébauche de la trachée (T) et des poumons.

Les ébauches latérales, colorées en gris, sont les corps ultimo-branchiaux, qui proviennent des quatrièmes fentes branchiales. Les fentes branchiales, numérotées de 1 à 4, sont des excroissances tubulaires latérales du pharynx primitif.

Le schéma B représente un stade plus avancé du développement. L'ébauche principale s'est détachée du plancher pharyngien, a migré caudalement puis a fusionné avec les ébauches latérales en prenant sa forme bilobée définitive (1). Les cellules C, d'origine neurectoblastique, colonisent les corps ultimo-branchiaux, puis migrent avec eux. Lorsque ceux-ci fusionnent avec l'ébauche médiane, elles envahissent toute la thyroïde. Les parathyroïdes (2), et l'ébauche endoblastique du thymus (3) se développent également à partir des fentes branchiales. Les ébauches du larynx (4) et de la langue (6) sont situées plus haut.

Au niveau de l'ébauche médiane, l'épithélium pharyngien s'épaissit (1), s' enfonce dans le tissu mésenchymateux sous-jacent puis se dilate en une vésicule creuse (2) qui reste en rapport avec l'épithélium d'origine par le canal thyréoglosse. Plus tard, ce canal régresse; la vésicule perd son contact avec l'épithélium pharyngien et se comble rapidement (3). La masse compacte est ensuite dissociée par des cellules mésenchymateuses et des vaisseaux (4). Des cavités contenant le colloïde, apparaissent au sein des cordons cellulaires (5). Deux mécanismes ont été proposés pour expliquer leur formation. Pour les uns, elle serait intracellulaire et due à la fusion de vésicules d'exocytose. Pour d'autres, elle serait extracellulaire et due à l'accumulation de la sécrétion à des endroits spécialisés de l'espace intercellulaire. Quelle que soit leur origine, ces petites cavités fusionnent et croissent pour donner naissance aux follicules thyroïdiens (6,7).

2.4. Aspect des cellules folliculaires

Les cellules folliculaires sont attachées les unes aux autres par des systèmes de jonction, localisés près du pôle apical et bien visibles dans cette micrographie électronique à faible grossissement (flèche). Le noyau est central et possède quelques blocs d'hétérochromatine périphériques et un ou plusieurs nucléoles qui ne sont pas visibles dans cette coupe. Le réticulum endoplasmique rugueux, bien développé est surtout basal; l'appareil de Golgi est apical et les lysosomes sont répartis dans tout le cytoplasme. Les vésicules d'exocytose sont sous la membrane apicale dont les microvillosités, qui plongent dans le colloïde (C), sont une des particularités des cellules thyroïdiennes. Le pôle cellulaire basal est en rapport avec un capillaire fenestré (V) par l'intermédiaire d'une double membrane basale.

Voici des microvillosités dans un follicule thyroïdien ouvert, lavé de son colloïde et observé au microscope à balayage. Le pôle apical des cellules bombe dans la lumière; il est garni de nombreux petits diverticules qui ont l'aspect de points blancs dans cette micrographie. Les systèmes de jonction forment un réseau de gouttières entre les cellules.

2.5. Histophysiologie

Les hormones thyroïdiennes ont la particularité d'être iodées, c'est pourquoi leur synthèse est complexe; on peut la décomposer en trois étapes :

  1. l'élaboration du précurseur hormonal, la thyroglobuline;
  2. l'incorporation de l'iode dans ce précurseur puis son stockage dans la lumière du follicule;
  3. l'endocytose du précurseur et sa dégradation lysosomiale qui aboutit à la libération des hormones.

La synthèse de la thyroglobuline, macromolécule de 660.000 daltons, est classique: élaboration de la chaîne peptidique dans le RER à partir d'un ARN messager provenant du noyau, passage dans l'appareil de Golgi où se continue la glycosylation, puis transfert dans la lumière après exocytose par de petites vésicules.

La seconde étape est extracellulaire. L'iodure, pompé activement au pôle basal de la cellule, est oxydé en iode moléculaire par une peroxydase de la membrane plasmique apicale. Cette réaction nécessite de l'eau oxygénée dont la production est induite par une NAD(P)H-oxydase. L'iode est fixé sur les cycles aromatiques des radicaux tyrosine de la thyroglobuline qui deviennent des mono- ou diiodotyrosines (MIT ou DIT). Ceux-ci se couplent pour former de la triiodo-thyronine (T3) ou de la thyroxine (T4). Les futures hormones sont ainsi stockées dans la lumière folliculaire, au sein même de la molécule de thyroglobuline.

La thyroglobuline iodée est endocytée par des pseudopodes de la membrane apicale qui englobent une gouttelette de colloïde. Celle-ci s'enfonce dans le cytoplasme et fusionne avec des lysosomes. L'hydrolyse de la thyroglobuline, dans le phagolysosome ainsi formé, libère les hormones T3 et T4, et un isomère inactif de la T3, la "reverse T3". Toutes diffusent vers le sang tandis que les radicaux MIT et DIT non couplés sont désiodés.

Les acides aminés et l'iodure libérés par la lyse de la thyroglobuline sont réutilisés. L'endocytose de la thyroglobuline s'effectue également par de petites vésicules dont la paroi est lisse ou tapissée de spicules et qui fusionnent avec des gouttelettes de colloïde ou avec des lysosomes.

L'accumulation de l'iode dans la lumière du follicule peut être démontrée par une autoradiographie, comme celle-ci, obtenue après injection d'iodure radioactif. L'isotope est localisé grâce au dépôt d'argent qui est noir dans la préparation. Notez l'hétérogénéité du marquage qui traduit l'hétérogénéité fonctionnelle des follicules.

Cette préparation provient d'une glande prélevée une demi-heure après injection d'hormone thyréotrope. Les gouttelettes de colloide (GC) sont importantes, limitées par une membrane et remplies d'une substance dont la densité peut être moindre que celle du colloïde lui-même. Les larges expansions cytoplasmiques du pôle apical sont des pseudopodes (P).

La sécrétion des hormones thyroïdiennes est sous l'influence de la TSH, à son tour stimulée par le TRF hypothalamique. Les hormones thyroïdiennes libres exercent un feed-back négatif sur l'hypophyse et sur l'hypothalamus. Une grande variété de stimuli corticaux tels que le stress, ou sous-corticaux comme la fièvre, augmentent la sécrétion de TRF en agissant directement sur les neurones du système parvocellulaire ou par l'intermédiaire d'un neurone qui sécrète la dopamine. Le système nerveux autonomique influence également la sécrétion thyroïdienne: le système orthosympathique la stimule tandis que le parasympathique l'inhibe.

Les hormones thyroïdiennes ont deux grands types d'effets. D'une part, elles stimulent la croissance du système nerveux central et du squelette. D'autre part, elles assurent la régulation du métabolisme énergétique. Un excès d'hormones entraîne une consommation accrue d'oxygène et la production de chaleur parce qu'elles accroissent le catabolisme des protéines, des sucres et des graisses. Cet effet hormonal s'effectue principalement par une régulation des enzymes respiratoires mitochondriales.

3. Surrénales

3.1. Anatomie

Les glandes surrénales sont constituées de deux organes différents : le cortex, en partie sous contrôle de l'adénohypohyse, et la médullaire.

Les glandes surrénales sont deux organes de couleur jaune, localisés au pôle supérieur du rein, dans sa capsule graisseuse. Elles mesurent, chez l'adulte, 5 cm de long, 4 cm de large et 2 à 3 cm de haut. Elles sont cependant proportionnellement beaucoup plus grandes chez le jeune enfant. La vascularisation artérielle est assurée par trois groupes d'artérioles: les surrénaliennes inférieures (1), moyennes (2) et supérieures (3). La veine surrénalienne droite (4) aboutit dans la veine cave inférieure (5); la veine surrénalienne gauche (6) se jette dans la veine rénale gauche (7).

3.2. Microanatomie

Voici une tranche de surrénale de rat perfusé avec une solution physiologique. L'organe est jaune paille; la corticale, plus claire et plus épaisse entoure la médullaire, plus sombre. La limite entre ces deux régions est déchiquetée. Au centre de la médullaire se trouvent des lacs sanguins qui sont ici des taches blanches parce qu'ils ont été vidés de leur sang.

La glande est entourée d'une capsule de tissu conjonctif dense. Sa corticale forme une large bande qui paraît striée radiairement et dont la partie externe est plus claire. Sa médullaire est centrale et contient de nombreux espaces clairs, avec ici et là des plages rougeâtres qui sont des amas de globules rouges. La limite entre les deux régions est très irrégulière et parfois difficilement perceptible.

La corticale est composée de trois couches. La plus externe ou couche glomérulaire est formée de cellules de taille moyenne, groupées en îlots, séparés les uns des autres par de fins septa conjonctifs.

La partie moyenne ou couche fasciculaire, la plus épaisse, est formée de cordons parallèles qui s'enfoncent radiairement vers la profondeur. L'aspect clair de leur volumineuses cellules est dû aux nombreuses vacuoles lipidiques qu'elles contiennent.

La partie la plus profonde ou couche réticulaire, moins épaisse, est formée de petites cellules disposées en réseau.

La médullaire est formée de grandes cellules disposées en îlots, séparés par de larges espaces vasculaires, reconnaissables aux globules rouges qui s'y trouvent et à l'endothélium qui les borde.

Comme toutes les glandes endocrines, les surrénales sont fortement vascularisées. Les artères surrénaliennes forment d'abord un plexus capsulaire (1). Celui-ci est drainé par un réseau capillaire qui irrigue toute la corticale. Sa conformation épouse celle de la glande. Au niveau de la glomérulaire, le réseau enveloppe les îlots cellulaires (2). Dans la fasciculaire, il est composé de fins capillaires rectilignes et parallèles qui tapissent les faces latérales des cordons et s'enfoncent avec eux (3). Au niveau de la réticulaire, il reforme un réseau (4) avant de s'aboucher aux sinusoïdes de la médullaire ou à de petites veinules (5) qui se jettent dans la veine centrale (6).

Quelques artérioles du plexus capsulaire atteignent directement la médullaire (7). Le réseau capillaire de la médullaire est drainé par des veines qui toutes se jettent dans la veine centrale. Celle-ci quitte la glande pour rejoindre la veine cave inférieure à droite et la veine rénale à gauche.

La vascularisation de la surrénale assure donc une relation très étroite entre corticale et médullaire. Le sang d'origine corticale transporte les hormones corticales et les met en contact étroit avec les cellules médullaires.

3.3. Embryogenèse

L'origine embryonnaire de la surrénale est double. La corticale dérive de l'épithélium des cavités coelomiques: l'origine est donc mésoblastique. La médullaire dérive des crêtes neurales: l'origine est donc neurectoblastique.

Ces différents schémas expliquent cette embryogénèse. Les premiers bourgeons naissent de part et d'autre du mesentère dorsal (1). L'épithélium coelomique forme une masse pleine (2) qui rapidement s'en détache (3). C'est l'ébauche du cortex foetal, formé de grandes cellules au cytoplasme acidophile.

Peu après, une seconde ébauche provenant du même épithélium, forme un fin feuillet de petites cellules qui entourent incomplètement la masse primitive (4) et perd son contact avec 1'épithélium coelomique (5). C'est l'ébauche du cortex permanent.

Les cellules de la médullaire dérivent des ganglions nerveux préaortiques embryonnaires, eux-mêmes provenant des crêtes neurales. La plupart s'accolent au cortex foetal là où il n'est pas recouvert par l'ébauche du cortex permanent (6). Le cortex foetal s'invagine et les cellules colonisent la poche ainsi formée (7). Progressivement, l'invagination se referme et les deux cortex entourent complètement l'ébauche médullaire, le cortex permanent se différenciant déjà en glomérulaire et fasciculaire (8). Quelques cellules s'accolent à la périphérie de l'ébauche; elles donneront naissance aux ganglions sympathiques de la capsule.

L'évolution des différentes régions de la surrénale diffère au cours de l'embryogenèse. Le cortex foetal, qui participe avec le placenta à la production d'oestrogènes, est très important durant la vie in utero et disparaît dans les mois qui suivent la naissance (9), ce qui réduit le poids glandulaire de 30%. La glande corticale définitive croît progressivement jusqu'à l'âge de deux ans.

3.4. Cortex surrénalien

Glomérulaire, fasciculaire et réticulaire ne sont en fait que les trois parties des mêmes cordons. La partie externe est enroulée sur elle-même et formée de petites cellules; la partie centrale est rectiligne et formée de volumineuses cellules; la partie interne est divisée en petits rameaux formés de cellules de taille réduite.

3.4.1. Glomérulaire

La glomérulaire est la seule zone où les cellules se divisent. Les divisions provoquent une lente migration cellulaire de la périphérie vers le centre de la glande. Chaque cellule est donc successivement localisée dans la glomérulaire, puis dans la fasciculaire et enfin dans la réticulaire qui seraient pour cette raison respectivement une zone de différenciation, puis de maturation et enfin de vieillissement.

Les cellules de la glomérulaire sont petites et ont un noyau rond; leur cytoplasme est acidophile. Elles sont associées en nodule et chaque nodule est entouré de capillaires. Les gouttelettes lipidiques sont petites et peu nombreuses.

L'abondance de leurs mitochondries explique leur acidophilie. La richesse en réticulum endoplasmique lisse, ici vésiculaire, l'aspect tubulaire des crètes mitochondriales, la structure spongieuse du nucléole et les gouttelettes lipidiques doivent être reliés à la fonction cellulaire.

Les cellules de la glomérulaire sécrètent les minéralocorticoïdes (aldostérone et désoxycorticostérone), hormones qui participent à la régulation de la volémie en stimulant l'absorption ou la réabsorption du sodium au niveau du rein, de l'intestin, des glandes salivaires et des glandes sudoripares. La sécrétion des minéralocorticoïdes est contrôlée par le système rénine-angiotensine.

3.4.2. Fasciculaire

Les cellules de la fasciculaire sont les plus grandes. Leurs très nombreuses gouttelettes lipidiques sont responsables de leur aspect vacuolaire et expliquent pourquoi elles sont appelées spongiocytes. Leur noyau est rond, le nucléole est généralement bien visible.

Les caractères les plus évidents sont la taille et le nombre des gouttelettes lipidiques qui remplissent le cytoplasme. Les autres organites, en particulier les petites vésicules du réticulum endoplasmique lisse et les grandes mitochondries sont regroupés en petits amas entre les gouttelettes lipidiques.

Les cellules de la fasciculaire sécrètent les glucocorticoïdes (cortisol, hydrocortisone, corticostérone), hormones stéroïdes dont les effets sont multiples. Celles-ci sont principalement hyperglycémiantes et anti-inflammatoires. La sécrétion des glucocorticoïdes est contrôlée par l'ACTH adénohypophysaire.

3.4.3. Réticulaire

Les cellules de la réticulaire sont disposées en cordons. La taille des cellules, le nombre et la densité des vacuoles lipidiques sont moindres que dans les deux autres régions. Par contre, les capillaires disposés en réseau, sont beaucoup plus distendus.

La microscopie électronique révèle une autre particularité des cellules de cette région: la présence dans le cytoplasme de corps résiduels au contenu hétérogène. Ces corps résiduels sont d'anciens phagolysosomes et contiennent des lipofuscines. Leur nombre augmente avec l'âge et, lorsqu'ils sont suffisamment nombreux, ils deviennent visibles en microscopie optique.

Les cellules de la réticulaire sécrètent les glucocorticoïdes et des stéroïdes sexuels mâles et femelles.

Chez la femme, ces cellules produisent une quantité réduite d'hormones mâles qui ont un rôle dans l'établissement de certains caractères sexuels secondaires. On ignore cependant leur importance relative par rapport aux androgènes d'origine ovarienne et comment se fait la régulation de leur sécrétion.

3.5. Médullo-surrénale

3.5.1. Aspects cellulaires

Les cellules de la médullosurrénale sont appelées cellules chromaffines parce que leur cytoplasme est colorable par les sels de chrome. Dans cette coloration trichromique, elles ont un aspect granulaire finement poudreux et sont rassemblées en petits îlots entre les larges veines centromédullaires.

Une coloration à l'argent sur coupe semifine permet de distinguer deux types de cellules. Dans l'un, les grains sont colorés en noir, dans l'autre, ils ne le sont pas.

Dans les cellules du premier type, représentées à gauche, les grains ont un contenu dense, séparé de la membrane par une zone claire. Elles sécrètent la noradrénaline. Dans les autres, les grains ont un contenu moins dense et qui n'est pas séparé de la membrane par un halo clair. Elles sécrètent l'adrénaline. Cette subdivision en deux types de cellules, quoique classique, n'est pas acceptée par tous.

3.5.2. Histophysiologie

La composition chimique du contenu des granules est complexe. Les hormones, adrénaline ou noradrénaline sont des bioamines, petites molécules dérivées de la tyrosine. Elles sont associées à une protéine porteuse, la chromogranine, à de l'ATP et à une enzyme, la dopamine -bhydroxylase. Après exocytose, les hormones sont scindées de la chromogranine et emportées par le sang.

Les effets de la noradrénaline et de l'adrénaline diffèrent surtout quantitativement. On peut schématiquement les classer en quatre groupes: effets sur le système cardiovasculaire, sur la musculature lisse, sur le système nerveux central, et sur le métabolisme général.

Ces actions s'effectuent via les récepteurs alpha et bêta. La noradrénaline stimule surtout les récepteurs alpha tandis que l'adrénaline agit surtout sur les récepteurs bêta.

La description complète de leurs effets n'entre pas dans le cadre de ce cours; retenons simplement que les catécholamines sont, par excellence, les hormones de mise en alerte: augmentation du débit cardiaque et de la pression artérielle, mise au repos des musculatures digestive, bronchique et urinaire, stimulation du système nerveux central et augmentation du métabolisme général.

La médullosurrénale est l'analogue d'un ganglion orthosympathique, tant du point de vue développement que du point de vue fonctionnel. Elle est avant tout contrôlée par le système orthosympathique grâce aux nerfs splanchniques dont certaines fibres font relais dans les ganglions préaortiques. Il y a en outre une synergie entre cortex et médullaire, due à la structure particulière de la vascularisation. Les corticoïdes stimulent la synthèse des hormones dans la médullaire.

4. Cellules endocrines des gonades

Les gonades sont, rappelons-le, des glandes mixtes à la fois exocrines et endocrines. La sécrétion exocrine est holocrine, composée de cellules vivantes, les gamètes. La sécrétion endocrine est de type lipidique, ce sont les stéroïdes sexuels. Mais les deux parties de la glande, exocrine et endocrine sont en étroite relation structurelle et fonctionnelle et dépendent de l'hypophyse. La structure histologique des gonades sera vue en détail lors de l'étude du système génital. Nous nous limiterons ici aux cellules endocrines.

4.1. Testicule

Les cellules endocrines du testicule sont appelées les cellules interstitielles de Leydig. Elles dérivent du mésoblaste embryonnaire et forment des amas entre les tubes séminifères. Leur cytoplasme est bourré de gouttelettes lipidiques.

Ces lipides sont les précurseurs des stéroïdes sexuels mâles, la testostérone et l'androstènedione. La sécrétion des stéroïdes testiculaires est contrôlée par la sécrétion hypophysaire de LH.

4.2. Ovaire

L'ovaire produit trois types de stéroïdes: les oestrogènes, sécrétées par la thèque interne des follicules ovariens en maturation, les progestagènes, sécrétés par le corps jaune et des androgènes, en petites quantités, sécrétés par les cellules de Berger, localisées dans le hile ovarien. La sécrétion ovarienne est contrôlée par l'adénohypophyse, via la LH et la FSH, selon un mécanisme très complexe qui règle 1'évolution des follicules et qui sera détaillé ailleurs.

Nous avons terminé ainsi l'étude des glandes hypophysodépendantes. La prochaine leçon sera consacrée aux glandes endocrines du tube digestif.