Les organes lymphoïdes (cours 4)


5. Le tissu lymphoïde annexé au tube digestif

5.1. Introduction

En plus des ganglions et de la rate, il existe des formations lymphoïdes périphériques qui sont annexées au tube digestif. Leurs cellules lymphoïdes sont disséminées ou agglomérées en nodules. Ces derniers peuvent se regrouper pour former de véritables organes immunitaires comme les amygdales, les plaques de Peyer et l'appendice.

5.2. Cellules de la muqueuse

Le chorion de la muqueuse digestive est particulièrement riche en cellules lymphoïdes disséminées. Dans cette coupe transversale du chorion intestinal, l'importance de l'infiltrat plasmocytaire entre les glandes de Lieberkühn est clairement démontré. Les plasmocytes sont facilement identifiables grâce à leur noyau excentrique et à leur cytoplasme basophile.

Les plasmocytes de la muqueuse digestive produisent principalement des immuno-globulines A. Leurs précurseurs proviennent des plaques de Peyer, passent par les ganglions mésentériques, puis dans le canal thoracique. La majorité d'entre eux gagnent ensuite par voie sanguine, le chorion intestinal et quelques uns se rendent dans la rate. La prolifération de ces précurseurs semble dépendre de deux facteurs : la stimulation antigénique locale et la coopération entre cellules T et B.

Le rôle de la stimulation antigénique locale a été démontré chez la souris élevée en milieu stérile où seule l'immunisation par voie digestive permet l'apparition de plasmocytes à IgA. La coopération entre cellules T et B, dans ce cas ci est très importante; en effet, les plasmocytes à IgA sont très rares dans la muqueuse intestinale de la souris "nude" chez qui l'absence de thymus et donc de cellules T rend cette coopération impossible.

L'IgA, produite par les plasmocytes, est un dimère formé de deux molécules d'anticorps unies par une chaîne polypeptidique. Elle diffuse dans le chorion et atteint la partie latéro-basale des cellules épithéliales. Là, elle se fixe sur un récepteur particulier de nature glycoprotéique, la pièce sécrétoire. Cet ensemble, appelé IgA de sécrétion, est endocyté par la cellule épithéliale. Il est ensuite exocyté entre les microvillosités du pôle apical, puis diffuse dans le film de mucus où il protège la muqueuse contre les antigènes. Sa résistance très efficace aux enzymes protéolytiques est due à la pièce sécrétoire.

Les petits lymphocytes sont nombreux dans l'épithélium des villosités intestinales. Ils proviennent du chorion et sont éliminés dans la lumière à travers l'épithélium. C'est pourquoi on retrouve leurs petits noyaux ronds et denses entre les cellules épithéliales cylindriques de cette villosité coupée transversalement.

5.3. Amas lymphoïdes

Outre les cellules isolées, la paroi du tube digestif contient aussi un grand nombre de nodules lymphoïdes. Ils sont situés dans la sous-muqueuse mais débordent dans la muqueuse. Là où ils se trouvent, la muscularis mucosae est fragmentée et le chorion est infiltré de nombreux lymphocytes. Dans ces nodules peuvent apparaître des centres germinatifs. Le nodule représenté ici est situé dans la paroi du côlon.

Comme dans les autres centres germinatifs, les immunoblastes s'y reconnaissent à leur cytoplasme basophile et à leur gros noyau clair au nucléole bien visible. Leurs mitoses sont fréquentes.

5.4. Amygdales

L'orifice du pharynx est entouré d'un anneau lymphoïde, l'anneau de Faldeyer. Celui-ci comprend les amygdales qui sont des amas organisés de nodules lymphoïdes réunis par une chaîne de nodules isolés. Les amygdales les plus caractéristiques sont les amygdales palatines, situées entre les piliers du voile du palais (1). L'amygdale linguale (2), l'amygdale pharyngée (3) et les amygdales tubaires (4) sont moins bien individualisées. Nous décrirons donc la structure de l'amygdale palatine.

L'amygdale palatine, schématisée ici en coupe transversale, est un ensemble de nodules lymphoïdes recouvert par l'épithélium pharyngien. Sa face profonde est isolée du muscle amygdalo-glosse par une coque de tissu conjonctif dense d'où partent de fines travées conjonctives qui l'attachent au muscle. Du côté épithélial, la coque dense émet des septa qui cloisonnent la masse lymphoïde. Dans ces septa se trouvent les vaisseaux et la plupart des canaux excréteurs des petites glandes salivaires logées dans la coque. L'épithélium en s'invaginant une dizaine de fois au moins, forme les cryptes amygdaliennes. les nodules lymphoïdes sont situés entre l'épithélium de la crypte et les septa conjonctifs.

Voici une crypte amygdalienne. Sa lumière est étroite et souvent remplie de débris cellulaires. Leur infection provoque une angine. Leurs orifices sont alors obstrués par des points blancs visibles à l'oeil nu.

L'épithélium qui recouvre l'amygdale palatine, prolonge celui de la muqueuse bucco-pharyngienne; il est donc pavimenteux stratifié de type épidermoïde. En de nombreux endroits, sa limite avec le tissu lymphoïde sous-jacent n'est pas claire, car l'épithélium est envahi par des cellules lymphoïdes qui s'insinuent entre les cellules épithéliales et désorganisent sa structure.

Les éléments essentiels des amygdales sont les nodules lymphoïdes contenant tous un centre germinatif. Les coiffes et les centres germinatifs nodulaires sont bursodépendants et le tissu entre les nodules est thymodépendant.

Sous la coiffe de petits lymphocytes, les grandes cellules à noyau clair qui se multiplient fréquemment sont des immunoblastes B précurseurs des plasmocytes. Dans les centres germinatifs, les macrophages sont particulièrement nombreux. Ils sont dans cette coupe indiqués par des flèches.

5.5. Plaques de Peyer

Les plaques de Peyer sont situées sur le côté antimésentérique de l'iléon. On ne les rencontre jamais le long du bord mésentérique. Leur nombre varie chez l'homme en fonction de l'âge; il est maximal vers 12 ans. On en compte alors environ 300. Les plaques de Peyer occupent l'espace compris entre l'épithélium et la musculeuse; elles sont donc situées à la fois dans la muqueuse et dans la sous-muqueuse. A leur niveau, la muscularis mucosae est interrompue. Les glandes de Lieberkühn et les villosités ne subsistent qu'entre les nodules.

Chaque plaque de Peyer comporte des nodules lymphoïdes composés d'un centre germinatif et de sa coiffe lymphocytaire. Du côté de la lumière intestinale, la coiffe est épaisse et prolongée par un dôme accolé à l' épithélium. Celui-ci est, à cet endroit, pratiquement dépourvu de cellules caliciformes et criblé de petits lymphocytes. Du côté de la musculeuse, le nodule est enveloppé par une coque conjonctive où pénètrent de nombreux vaisseaux sanguins et lymphatiques. Le centre germinatif est quelque peu différent. Dans les plaques de Peyer, il est formé d'une région centrale claire et d'une région périphérique sombre équivalentes aux pôles sombre et clair des autres centres germinatifs. Les plaques de Peyer, tout comme les amygdales et l'appendice, ne filtrent pas la lymphe. Les voies lymphatiques sont uniquement efférentes.

Dans ce schéma sont réparties les zones thymo- et bursodépendantes des plaques de Peyer. Le dôme, la coiffe et le centre germinatif sont bursodépendants; le tissu internodulaire est thymodépendant.

5.6. Appendice

L'appendice est un diverticule implanté sur la partie inférieure du caecum. Sa paroi a la structure générale de la paroi colique. Sa muqueuse est cependant transformée par le développement exagéré du tissu lymphoïde qui comprend de nombreux nodules ayant chacun un centre germinatif. Sa lumière contient des débris.

Comme dans les plaques de Peyer et les amygdales, les centres germinatifs sont bursodépendants et la zone internodulaire est thymodépendante.

Ceci termine l'étude des organes lymphoïdes.